Cet article concernant la femme coréenne fait suite au premier concernant les jeunes coréens que vous pouvez retrouver ici.
Le 24 dernier, nous avons assisté à un débat sur les représentations et les réalités de la femme coréenne. Toujours présidé par Jean-Claude de Crescenzo, nous allons ici vous faire partager les propos ressortis lors de ce dialogue.
Débat : Représentations et réalités de la femme coréenne
Lieu : Médiathèque Jean-Pierre Melville
Invités : Eun Hee-Kyung, Ancco et Kim Hye-Gyeong
Encore une fois, Jean-Claude de Crescenzo introduit le débat en rappelant quelques caractéristiques culturelles et historiques propres à la Corée (et à d’autres pays asiatiques). Ainsi, dans les valeurs confucéennes, la femme est née de la terre tandis que l’homme est né du ciel. La femme vient donc de l’ombre et l’homme de la lumière. Une distinction existe donc déjà où la femme est considérée comme inférieure à l’homme et doit lui obéir. Pendant la première dynastie, les femmes avaient pourtant un rôle plus important… Mais la Corée se hiérarchise et a besoin de se construire en tant que Nation. L’aristocratie a alors le pouvoir et doit se reproduire en sécurité, un contrôle social des femmes s’instaure donc. Il aurait même existé une loi disant que la femme ne peut jouir de son propre corps et doit vivre à part des hommes.
En 1876, le christianisme arrive. Cette religion, instaurant l’égalité entre homme et femme, choque le pays et peu à peu les femmes se libèrent. Elles ont le droit de vote dès 1948 ( je tiens à rappeler que le droit de vote en France a été accordé aux femmes qu’à partir de 1944…). A partir des années 1960, elles veulent jouer un rôle plus actif. Elles travaillent mais ont rarement un poste à responsabilité, sont moins payées et s’occupent du foyer. Les hommes, eux, travaillent beaucoup et rentrent rarement, en particulier pendant les années 90 au moment de la crise. Les questions de parité ne se alors posent pas encore. De plus, à la fin des années 80, un sondage a montré que la plupart sont au foyer et acceptaient la supériorité masculine.
Néanmoins ce rapport a changé : Il y a plus de femmes que d’hommes à l’Université. Mais elles s’occupent encore du foyer…
Eun Hee Kyung est la première à prendre la parole. Considérée comme une auteure de romance en Corée, elle est décrite comme une auteure féministe en France. Elle s’intéresse d’avantage aux relations et aux natures humaines, et elle est présente au débat pour essayer de parler de la Corée actuelle. Elle raconte une anecdote intéressante : un jour un journaliste français s’étonne de voir peu d’hommes dans les rues de Séoul et lui demande donc où ils se trouvent, elle se demande alors si justement ce ne sont pas les femmes qui portent en elle la vie culturelle puisqu’elles sont si nombreuses. Elle précise également de faire attention aux stéréotypes : toutes les coréennes ne sont pas identiques (nous ne parlons pas que du physique !).
De Crescenzo fait référence ensuite à une association, formée à 100% d’hommes, qui pense que trop de choses sont faites pour les femmes (Dès que je vous trouve l’article sur cette association, je mettrai un lien! Promis!). Eun Hee Kyung précise que ces hommes sont formatés par la culture patriarcal, mais ne représentent pas la majorité des hommes coréens, et que les valeurs confucéennes sont encore bien ancrées en Corée. Ancco, auteure de bande-dessinée, prend ensuite la parole et ajoute qu’ils représentent une vision déformée de la société : Ils caractérisent une forme de passéisme et veulent que les femmes soient comme leurs mères.
La question de révolte revient encore une fois à laquelle Ancco répond que ce n’est pas une question identitaire et qu’elle-même ne se sent pas comme une victime et, au contraire, plutôt privilégiée comparé à sa mère. Ancco se décrit comme une « mauvaise graine » lorsqu’elle était jeune. Au lycée, elle connaissait un monde violent et s’en est sorti en devenant auteure. Dans sa BD « Mauvaises filles », elle s’intéresse toujours à ces jeunes et à cette violence et aimerait lever le voile sur le malentendu qui s’est installé entre ce rapport jeune et violence. Dans son œuvre, elle met en avant l’exploitation des adolescent(e)s qui n’est pas un problème typiquement coréen (et pas seulement sur le plan de la prostitution).
Enfin, pour terminer ce débat, Kim Hye Gyeong, professeure de langue coréenne à Aix, explique qu’en Corée il existe des titres honorifiques. Ainsi l’homme n’a pas le droit d’utiliser le prénom de sa femme devant les autres. (Vous l’aurez sûrement remarqué que dans le drama « Reply 1988 », les parents ne s’appellent pas ou très peu par leur prénom mais plus par « père/papa de Taekki (Taekki appa ~)» « mère/maman de Jeong Hwan (Jeong Hwan eomma ~)»). Cette tendance est en train de changer et les jeunes s’appellent désormais par leurs prénoms. La Corée évolue beaucoup.
Bilan : J’ai eu grandement l’impression que les auteures parlaient d’avantages d’elles-mêmes qu’autres choses. Néanmoins, étant des femmes, elles peuvent y apporter leurs expériences personnelles. Le débat fut assez court et tout n’a pas pu être abordé… Ce qui fut intéressant est l’intervention d’une dame assez âgée qui a insisté sur le fait que les femmes coréennes, et asiatiques de manière générale, ne sont pas faibles. Elles sont en effet souvent vues en retrait et soumises par les Occidentaux (et elle l’a souvent entendu). Or bien qu’elles paraissent faibles, elles sont plus fortes qu’on ne le croit. Cela donne à réfléchir…
Que pensez-vous de ce débat?
Les intervenants: